Il était une fois, dans les mondes imaginaires, une magicienne enquêtrice et une sorcière d’automne…
« Tam ? Tam ! Tam ?!!! »
Légèrement agacée, Athamée leva la tête du livre qu’elle étudiait et se tourna vers la voix qui l’appelait avec insistance.
« Quoi ?
—C’est l’heure, c’est l’heure, c’est l’heure !
—L’heure de quoi ?
—Des mystères, des mystères, des mystères ! »
Athamée eut un sourire indulgent. Clock était issue de l’un de ses premiers sortilèges et si, à présent, elle maîtrisait beaucoup mieux son pouvoir, l’horloge de ses débuts avaient quelques défauts. Celui de tout répéter par trois fois par exemple.
« Je ne vois pas de quoi tu parles Clock, il est midi, le soleil brille et personne n’est venu solliciter mes services pour résoudre un mystère depuis des mois.
—Elle arrive, elle arrive, elle arrive ! »
La jeune femme referma son livre et se leva pour regarder par la fenêtre de la roulotte. Son pégase broutait tranquillement près de la rivière, tout était calme. Pourtant, elle commença à préparer ses affaires. Posséder une horloge enchantée présentait quelques avantages : savoir toujours précisément l’heure qu’il était, avoir une amie fidèle, mais aussi connaître les évènements quelques minutes à l’avance.
Et c’est un sourire attendri et un clin d’œil qu’elle adressa à Clock lorsque quelqu’un frappa trois coups à la porte.
« Tam ? Tam ! Tam ?!!! »
Légèrement agacée, Athamée leva la tête du livre qu’elle étudiait et se tourna vers la voix qui l’appelait avec insistance.
« Quoi ?
—C’est l’heure, c’est l’heure, c’est l’heure !
—L’heure de quoi ?
—Des mystères, des mystères, des mystères ! »
Athamée eut un sourire indulgent. Clock était issue de l’un de ses premiers sortilèges et si, à présent, elle maîtrisait beaucoup mieux son pouvoir, l’horloge de ses débuts avaient quelques défauts. Celui de tout répéter par trois fois par exemple.
« Je ne vois pas de quoi tu parles Clock, il est midi, le soleil brille et personne n’est venu solliciter mes services pour résoudre un mystère depuis des mois.
—Elle arrive, elle arrive, elle arrive ! »
La jeune femme referma son livre et se leva pour regarder par la fenêtre de la roulotte. Son pégase broutait tranquillement près de la rivière, tout était calme. Pourtant, elle commença à préparer ses affaires. Posséder une horloge enchantée présentait quelques avantages : savoir toujours précisément l’heure qu’il était, avoir une amie fidèle, mais aussi connaître les évènements quelques minutes à l’avance.
Et c’est un sourire attendri et un clin d’œil qu’elle adressa à Clock lorsque quelqu’un frappa trois coups à la porte.
Quelques instants plus tard, la jeune femme se tenait à sa table, en face de son amie Arya, une tasse de thé fumante à la main. Il y avait longtemps qu’elles ne s’étaient pas vue mais Athamée ne la trouva pas changée d’un pouce. Arya avait une beauté simple, celle des petits matins brumeux. Ses cheveux auburn étaient un peu plus longs que dans son souvenir, mais le reste, des tâches de son sur son nez à ses yeux noisettes mordorés, étaient identiques. Sa voix, douce et un peu timide, lui réchauffa le cœur, comme seules savent le faire les amies.
« Merci infiniment d’accepter de m’aider Tamy, je ne savais pas vers qui me tourner.
—C’est normal voyons, entre membre d’une tribu on s’entraide, c’est dans le code. »
Arya sourit et Athamée lui fit un clin d’œil. Elles étaient toutes les deux magiciennes, membres de la tribu des Elunis, et amies depuis des décennies.
« Allez, maintenant bois ton thé et raconte-moi tout.
—Tu sais que je suis repartie vivre dans mon village natal il y a quelques années ? C’est le village de Brumefeuilles dans l’île des Quatre-Saisons. Notre saison, c’est l’automne et chaque année est une véritable féérie, nous avons un festival, de grandes fêtes, des animations, des foires… Des coutumes et des traditions qui font partie de notre identité. Aussi nous étions tous très impatients qu’arrive l’équinoxe d’automne. Mais quand le 21 septembre est arrivé… »
Athamée fronça les sourcils. Effectivement, elle avait bien senti que l’été peinait à laisser la place cette année. Elle posa sa main sur celle de son amie pour l’encourager à continuer.
—L’arbre. Celui qu’on appelle l’arbre d’or, c’est un arbre sacré, immense et aux feuilles dorés, c’est lui qui donne le signal de l’automne lorsque ses feuilles commencent à tomber. Mais cette année, aucune feuille n’a frémi. Rien ne s’est passé. J’ai été effrayée bien sûr mais le pire est arrivé quand je me suis rendu compte que tous les habitants du village faisaient comme si de rien n’était. Dans une complète indifférence ! Tu sais quel est la spécialité de mon pouvoir ?
—C’est la mémoire.
—Exactement. Et je pense que c’est pour ça que je n’ai pas été touchée par cet étrange phénomène parce que, en sondant leur mémoire, j’ai découvert qu’ils avaient purement et simplement oublié l’automne ! »
Athamée eut un mouvement de recul et même Clock émit un petit bruit de stupeur (enfin, comme à son habitude, trois petits bruits de stupeur).
« Tu as pu fouiller plus loin dans leur mémoire ? Ils ont oublié autre chose ?
—Non rien d’autre que l’automne. Et pourtant il en restait quelques traces, comme le souvenir d’un rêve. Et c’est ainsi que j’ai pu trouver une piste. Dans l’esprit des plus anciens habitants, j’ai trouvé la trace d’un souvenir confus. Comme si ce phénomène était déjà arrivé. Et c’était lié aux Esprits de l’automne et à un grimoire perdu. »
Athamée hocha la tête une fois, sortit atteler son pégase à la roulotte et lui demanda de prendre le chemin de l’île des Quatre-Saisons.
C’était pire que ce qu’elle pensait. Non seulement il n’y avait aucune trace de l’automne, mais les habitants semblaient… étranges. Ils souriaient bizarrement, agissaient comme des automates. Athamée savait reconnaître un mystère quand elle en voyait un et un frémissement d’excitation parcourut sa colonne vertébrale.
« Voilà l’arbre. »
Il était encore plus magnifique et lumineux qu’Athamée ne se l’imaginait, il semblait tellement puissant, tellement chargé de magie. Arya, au contraire, avait le visage sombre, la tristesse dessinant comme un voile dans ses yeux. Le cœur serré, Athamée lui posa une main sur l’épaule.
« Tu peux tenter de sonder la mémoire de l’arbre ?
—Je n’ai jamais essayé, mais c’est un être vivant alors… »
Elle n’eut pas le loisir de terminer sa phrase car à peine avait-elle touché le tronc que l’obscurité s’abattit sur les deux jeunes femmes. En quelques secondes, elles furent cernées par une brume argentée, presque scintillante qui les coupait du reste du monde. Il ne semblait rester qu’elles, l’arbre et le brouillard. Des formes ondulantes se déplaçaient, leur faisaient signe.
« Je crois qu’il faut les suivre » déclara Arya.
Elles commencèrent à avancer en se tenant par la main pour ne pas se perdre. Elles n’y voyaient pas à deux pas. Alors qu’elle s’engageait dans une direction, Athamée sentit son amie partir dans un autre sens.
« Où vas-tu ?
—C’est par là, regarde !
—Non c’est par ici. »
Les sourcils froncés, elles s’arrêtèrent. Des formes de brume s’agitaient de tous les côtés et elles se savaient pas du tout lesquelles suivre.
« J’ai l’impression qu’on nous met à l’épreuve, dit Arya
—Mais pourquoi ? Tu crois que ce sont les Esprits de l’automne ? »
Arya haussa les épaules. Si elles voulaient le découvrir, elles allaient devoir traverser cette brume. Un seul regard de complicité leur suffit. Elles étaient des sorcières après tout, des Elunis. Fermant les yeux, elles se connectèrent à la magie à l’œuvre et se dirigèrent à l’instinct jusqu’à ce qu’un rayon de soleil éclaire leurs paupières baissées. Elles avaient réussi à sortir de la brume et se tenaient devant un champ de citrouilles. Perplexes, elles avancèrent dans une direction au hasard mais les tiges des citrouilles s’entrecroisaient pour leur barrer le passage.
Arya tapa du pied.
« Ça suffit. Je veux bien jouer mais j’aimerais connaître les règles !
—Attends ! Je sens quelque chose. Il y a un objet enchanté par ici. »
Athamée se dirigea vers son ressenti et au fur et à mesure de sa progression, les citrouilles lui laissaient la place. Elle finit par trouver une lanterne éclairée d’un feu magique.
« Très bien petite lumière, dis-moi tout. »
La jeune sorcière utilisa son pouvoir pour se faire obéir de l’objet.
« Je suis une lanterne magique, envoyée par l’esprit de la Citrouille Flamboyante. Vous avez passé son épreuve et celle de l’esprit de la Brume Argentée, mais il vous en reste trois. Je vais vous aider pour la prochaine. Il vous faudra passer les cinq épreuves pour rencontrer les Esprits de l’automne. »
De nouveau l’obscurité les entoura. Mais celle-ci était plus dense que celle de la brume, c’était une nuit sombre, froide et effrayante. Une forêt était apparue devant elles, ses branches craquant dans le vent qui sifflait. La peur, glacée, étreignit les deux jeunes femmes, mais elles ne la laissèrent pas les immobiliser. La lanterne dessinait un minuscule cercle de lumière autour d’elles et elles se forcèrent à avancer, malgré les ricanements et les cris qu’elles entendaient résonner dans les bois. L’épreuve dura plusieurs minutes qui leur parurent des heures mais elles finirent par arriver dans une clairière où se tenait une chandelle allumée. Quand Arya s’en saisit, le jour revint, la forêt disparut et elles se trouvèrent à l’entrée d’un labyrinthe parsemé de feuilles d’or.
Dans les murets qui formaient les parois du labyrinthe, des symboles étaient gravés. Il fallut plusieurs heures aux deux magiciennes pour percevoir la répétition de ces symboles et reconnaître le petit renard qui constituait le fil pour sortir du labyrinthe.
Il ne restait plus qu’une seule épreuve à passer et la nuit tombait. La vraie celle-ci, la nuit d’octobre, avec son crépuscule doré. Arya bailla. Elles étaient dans une clairière, il n’y avait aucun abri, mais elles étaient épuisées. Sans même se concerter, elles commencèrent à aménager un campement. Des matelas de feuilles oranges craquantes et de mousse, un bon feu, et les derniers fruits donnés par la nature leur suffisaient. Les flammes les réchauffaient corps et âmes. Athamée sortit de son sac ses herbes pour faire du thé et deux tasses. Elles discutèrent jusque tard dans la nuit avant de s’endormir, heureuses d’avoir réussi à se créer du confort dans un lieu qui en était dépourvu. Et c’est ainsi qu’elles réussirent la dernière épreuve, mais ça, elles ne le découvrirent que le lendemain matin.
Il n’y eut pas un bruit et pourtant ce fut la même sensation étrange qui réveilla Arya et Athamée. Le soleil était à peine levé et pourtant la clairière baignait dans une jolie lueur dorée. Une fois que leurs yeux se furent accoutumés à cette lumière, elles se levèrent d’un bond. Autour d’elle, cinq silhouettes vaporeuses les observaient. Les cinq Esprits de l’automne. D’anciennes légendes leur revinrent en mémoire et elles reconnurent l’esprit de la Brume Argentée dans ses voiles pailletés, l’esprit de la Citrouille Flamboyante avec sa robe orange, l’esprit de l’Halloween Sombre tout de noir vêtu, l’esprit du Renard avec sa cape et sa fourrure et enfin, l’esprit du Cosy d’Automne dans sa couverture moelleuse. Tous différents et pourtant tous arboraient la même expression de désespoir.
« Aidez-nous ! »
Leurs voix mêlées ne produisaient aucun son mais résonnaient directement dans la tête des magiciennes.
« Vous avez réussi les épreuves, vous avez mérité notre confiance, nous offrirez-vous votre aide ? Notre grimoire s’est enfui, il se cache, sans lui pas d’Automne, et nous dépérissons. »
Arya parla la première.
« Nous vous aiderons. Mais il nous faudrait au moins un indice. Vous dites que votre grimoire se cache ? Est-il doté d’une conscience ?
—Oui. Il est caractériel, il lui est déjà arrivé de s’enfuir, il y a très très longtemps. Nous avons oublié le lieu où il était alors, c’est trop loin, nous sommes trop anciens.
—Sur ça, je peux peut-être vous aider, dit Arya avec un sourire. C’est justement mon pouvoir. Si vous m’y autorisez, je peux fouiller votre mémoire pour y retrouver les souvenirs qui vous échappent. Croyez-moi, ils sont toujours là quelque part. »
Les esprits semblèrent parler un instant entre eux, en silence, avant d’acquiescer d’une seule voix. Athamée regarda, fascinée, son amie faire usage de son pouvoir. Ce fut long, très long, les esprits étaient aussi vieux que l’origine des mondes et ils avaient beaucoup, beaucoup de souvenirs.
Enfin, au milieu de l’après-midi, Arya rouvrit les yeux, fatiguée, et annonça:
« Je crois savoir où est le grimoire. »
Dire que le grimoire des sortilèges d’automne était caractériel se révélait presque un euphémisme. Il ne fut pas difficile finalement de le retrouver mais il refusait de sortir de sa cachette malgré les supplications d’Arya. Heureusement, l’une des deux magiciennes avait un pouvoir fort utile sur les objets. Athamée chanta un sortilège, doux comme une berceuse, cajolant le grimoire, le flattant. Il résista tout d’abord et leurs magies s’affrontèrent. Mais le sortilège-berceuse finit par avoir raison de lui. Il s’endormit et les deux jeunes femmes le rapportèrent aux Esprits.
La route pour retourner à l’Arbre d’or fut plus facile dans ce sens et bientôt ils se tinrent tous sous les feuilles étincelantes. Les cinq Esprits ouvrirent alors le grimoire et lancèrent l’un après l’autre les sortilèges d’automne.
Arya et Athamée sentaient la magie crépiter tout autour d’elles. Elles se tenaient par la main, conscientes de la chance qu’elles avaient de vivre ce moment.
Les feuilles d’or commencèrent à tomber et, doucement, Brumefeuilles se réveilla de son amnésie. Le soir tombait doucement, la lumière chaude du crépuscule illuminait l’arbre. La brume irisée montait de la terre, les citrouilles poussaient dans les champs et les jardins, les renards jouaient dans les feuilles rousses, quelques chandelles ornaient les fenêtres pour guider les fantômes perdus et, dans les maisons, les feux crépitaient, les tasses fumaient et les roulés à la cannelle sortaient du four.
L’automne était là.
Une fête supplémentaire fut ajoutée au calendrier de Brumefeuilles, improvisée au pied de l’Arbre d’or dont les feuilles tapissaient désormais le sol. Athamée se régala de tarte à la citrouille, dansa et chanta avec son amie et les villageois. Les Esprits d’automne participèrent aux festivités avant de disparaître au petit jour en promettant de revenir l’année d’après pour la nouvelle fête des sortilèges. Ils promirent également de prendre bien soin du grimoire, afin que celui-ci ne cherche plus à s’enfuir.
Athamée prit congé elle aussi peu après, embrassant Arya, heureuse de l’avoir revue et un peu nostalgique de quitter sa compagnie réconfortante. Sa roulotte s’envola alors vers le Carrefour des mondes. Elle avait quelqu’un à y voir.
« Tam ? Tam ! Tam ?!!!
—Oui Clock ?
—C’était une chouette aventure, c’était une chouette aventure, c’était une chouette aventure.
—Oui c’est vrai. Et j’ai hâte de la raconter à Idrim.
—Il t’offrira un gâteau ? Il t’offrira un gâteau ? Il t’offrira un gâteau ?
—Peut-être… »
Oui peut-être que son ami enquêteur et pâtissier lui offrirait un gâteau en échange de son récit. Et peut-être bien plus, mais ceci est une autre histoire.
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